50e Prix Grammy: la surprise Paramore

Le samedi 09 février 2008

50e Prix Grammy: la surprise Paramore


Kathleen Lavoie

Le Soleil
Québec

Ils ont la vingtaine à peine. Ils ont du style, du talent. Ils sont posés et polis. Et affichent ouvertement leur foi chrétienne. Les quatre membres de la formation américaine Paramore, la flamboyante Hayley Willliams en tête, n’ont rien de vos habituelles rockstars. Et pourtant, ils déménagent comme les plus débridées d’entre elles!

En nomination pour le Grammy de la révélation de l’année, qui sera décerné lors de la cérémonie de demain, Paramore a vu le jour sur les bancs d’une polyvalente de Franklin, au Tennessee, il y a quatre ans. Révélé dans les mois suivants par la tournée Vans Warped, le quatuor a été recruté par l’étiquette Fueled By Ramen (Fall Out Boy) en 2005. Armés de leur pop-punk à la Jimmy Eat World, les quatre musiciens participaient ensuite à la tournée Taste of Chaos avant de se mettre à sillonner inlassablement les routes des États-Unis.

Dans l’intervalle, un premier album, All We Know Is Falling (2005), a été enregistré, puis un second, intitulé Riot! (2007). Ce dernier allait atteindre la 15e position du palmarès top 200 de Billboard grâce aux irrésistibles simples Misery Business et Crushcrushcrush.

L’œuvre de Hayley Williams (voix) et Josh Farro (guitare, voix), l’efficace pop-punk du groupe séduisait en moins de deux un auditoire varié. À la grande surprise des principaux intéressés.

«Avec notre premier disque, nous avons touché un public de 13 à 15 ans. Mais avec Riot!, on a rejoint un public encore plus diversifié. Ça part des enfants jusqu’à leurs grands-parents de 64 ans! On est les premiers surpris, mais tous ces gens semblent vraiment apprécier la musique!» a fait savoir au Soleil la chanteuse Hayley Williams, jointe chez elle, au Tennessee, lors d’une pause de quelques jours dans la tournée de son groupe.

La consécration

La troisième participation de Paramore à la tournée Vans Warped, à l’été 2007, a fini de cristalliser le succès de la jeune formation. Tout doute résiduel quant à son talent a été effacé par les prestations sans faille des quatre musiciens, mais surtout par l’assurance de sa chariasmatique leader, dont la justesse vocale a de quoi faire pâlir Avril Lavigne de jalousie!

Au cours de la dernière année, plusieurs prestigieuses publications internationales ont documenté la montée du quatuor en plus de le consacrer dans leurs pages. L’hebdomadaire britannique NME a nommé Paramore l’un des 10 groupes à surveiller en 2007. Le magazine Rolling Stone en a fait de même. Quant au mensuel musical Alternative Press, il lui a décerné le titre de formation de l’année dans son numéro de février.

«On a toujours eu beaucoup de difficulté à comprendre où l’on se situe avec la critique… Mais pas avec nos fans. Ce qui est intéressant avec la mention d’Alternative Press, c’est que ce sont les lecteurs qui nous ont choisis. Et ça, c’est un sentiment très agréable! J’imagine que tous les jeunes qui sont tombés sur nous par hasard dans Internet nous ont vraiment écoutés… même si c’était dans le placard!»

Avec en plus une certification or en poche pour Riot!, un album réalisé par David Bendeth (The Red Jumpsuit Apparatus) l’année 2007 paraissait tout simplement parfaite pour Paramore. C’était avant que ne tombe sa nomination aux Grammys! Une véritable consécration.

«Celle-là, on ne l’a jamais vue venir! On ne savait même pas qu’on pouvait être considérés. Ça nous amène à un tout autre niveau. Je sais qu’on dit toujours ça, mais dans ce cas-ci c’est vrai : la nomination est une victoire en soi! On regarde le gala des Grammys à la télé depuis qu’on est petits!»

L’authenticité et la foi

À une époque où le nombre de groupes se multiplie à vitesse grand V, la chanteuse de 20 ans estime que la seule garantie de succès est l’authenticité. Une vision que partagent ses collègues Josh (guitare) et Zac (batterie) Farro, Jeremy Davis (basse, guitare) et Taylor York (guitariste de tournée).

«Tout ce qui compte, c’est la musique. Si vous créez quelque chose dans lequel vous croyez, c’est difficile de se tromper», a-t-elle philosophé sur un ton plus sage que son âge.

Paramore attribue par ailleurs à sa pratique religieuse sa survie dans le monde parfois éprouvant du rock’n’roll.

«Chaque personne a ses propres moyens de passer à travers les moments difficiles. Notre équilibre tient en grande partie à notre foi. C’est ce qui, à la face des épreuves, nous donne la force, l’espoir, de nous en sortir. N’allez pas croire que je lise la Bible tous les jours pour autant! Je préfère vivre ça de façon intérieure.»

Au cours des prochains mois, Paramore se produira principalement en Europe, où il partagera notamment la scène avec New Found Glory.